Joseph de Maistre, un noble savoyard au service de la réaction


Histoire populaire /

Joseph de Maistre est bien connu des milieux intellectuels d’extrême droite. Pour cause : il est, avec Edmund Burke et Louis de Bonald, le principal penseur anti-Lumières. Il est né le 1er avril 1753 à Chambéry dans une famille noble de Savoie. Pour lui, « une nation c’est le souverain et l’aristocratie » (Mémoires, 1858).

Issu d’une famille noble et royaliste, il fut formé par les Jésuite. Il entre à l’age de 19 ans dans la magistrature, puis est nommé sénateur en 1788. Entre temps, formation intellectuelle oblige, il entre en 1773 dans la loge franc-maçonne, La Parfaite Union, à Chambéry. Puis en 1788, il fonde, avec d’autres personnalités, une nouvelle loge, La Sincérité.

Joseph de Maistre est un pur produit de l’ancien régime puisqu’il a lui-même occupé une haute fonction dans le régime monarchique piémont-sardais. Il resta lié jusqu’à la fin de sa vie à la monarchie sarde, jusqu’à être nommé ministre par Victor-Emmanuel Ier alors qu’il était réfugié, entre 1798 et 1816, à Saint-Pétersbourg, dans la Russie tsariste.

Si Joseph de Maistre soutient au début l’élan vers l’égalité civile c’est parce qu’il est né au temps des « despotes éclairés ». Il s’imagine que la Révolution n’est qu’une continuité historique, sous la forme d’une modernisation sociale et juridique. Il n’avait pas saisi que la bourgeoisie, force motrice de ce processus, portait des idéaux rationalistes cherchant à dominer la société en la sortant du carcan religieux et patriarcal.

A ce titre, ce n’est pas pour rien qu’il fut le rédacteur de la Charte de 1814 octroyée au peuple français sous la Restauration de Louis XVIII. Joseph De Maistre avait à cœur de trouver un compromis entre la bourgeoisie et la noblesse, par le biais d’un régime tirant sa légitimité de Dieu pour conserver l’ordre social tout en offrant des libertés publiques (pour la bourgeoisie). Un libéral-monarchique en quelque sorte…

L’arrivée de l’armée républicaine en septembre 1792 est le déclencheur : il bascule complètement dans l’activité contre-révolutionnaire en partant se réfugier à Turin. Ses liens avec un autre noble conservateur, Costa de Beauregard et la lecture de Réflexions sur la Révolution de France écrit par Edmund Burke et publié en novembre 1790 l’avait déjà largement convaincu d’être un anti-Lumières.

Pourchassé, il évolue entre mars et août 1793 entre Chambéry et Annecy où il devient, avec monseigneur de Thiollaz, l’organisateur d’un important foyer contre-révolutionnaire. Toujours en lien avec le roi Sarde, il se réfugie ensuite à Lausanne d’où il continue ses activités politiques et idéologiques contre-révolutionnaires.

En 1795, il fut sollicité par les prêtres réfractaires de retour en Savoie pour rédiger « un pamphlet qui fût à la portée de tout le monde et qu’on pût répandre avec profusion pour rassainir et diriger l’esprit public ».

Revenu en Savoie en 1816 après son « retour » dans le royaume Sarde, il occupe la présidence de la Chancellerie et fut ministre d’État. Il meurt à Turin le 26 février 1821.

Resté profondément traditionaliste et anti-démocrate, son influence culturelle fera de lui une source d’inspiration du fascisme français, à commencer par Charles Maurras lui-même.

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