Il y a 6 ans, en octobre 2011, le projet de candidature d’Annecy pour les jeux olympiques d’hiver 2018 a été rejeté par la commission olympique. Cet échec du projet a été le fruit d’une longue mobilisation populaire à la base, particulièrement forte à Passy et Sallanches.
Choisie comme ville requérante française en mars 2009, Annecy se proposait d’accueillir sur les massifs alpins du Semnoz et de Chamonix les jeux olympiques les 9 au 25 février et du 9 au 18 mars pour les Jeux paralympiques.
Le projet, avec un budget de 176 millions d’euros, devait refaçonner des espaces naturels comme un oval de glace pour la patinage de vitesse au Grand Bornand, un centre nautique à La Clusaz, une patinoire et un village d’accueil à Passy, un centre patinage à Annecy, etc.
La majorité des autorités et des notables locaux portaient le projet, comme par-exemple Charles Beigbeder, président du comité de la candidature, Jean-Luc Rigaut, le maire d’Annecy et le porteur du projet, Edgar Grospiron, l’ancien champion français de ski acrobatique et directeur général de la candidature (qui démissionnera par la suite)…
De manière générale, les personnes qui ont soutenu le projet étaient liées, directement ou indirectement, aux sources de profits engendrées par ce projet. Ce fut toute l’industrie du tourisme soutenu par des élus et l’État qui portèrent le projet, avec par-exemple des autocollants et des badges « Annecy 2018 »…
Une bataille pour l’opinion publique fut lancée.
Les porteurs du projet mettaient en avant des arguments sur les retombés pour l’emploi, le développement durable et le respect de l’environnement avec des « structures éphémères », la construction d’infrastructures pour la mobilité…
Mais la bataille culturelle ne fut pas remportée par les notables et les industriels, ce qu’on appelle à gauche « la bourgeoisie ». Dès février 2009, un Comité Anti-Olympique fut fondé, coalition de gauche liée à l’association écologiste « Les Amis de la Terre ».
Des autocollants anti-JO fut distribués, avec des tracts argumentant contre cet projet inutile vu comme un gouffre financier destructeur de la Nature, bien éloigné des valeurs positives et solidaires du sport.
C’est dans le haut de la vallée de l’Arve que la mobilisation pris une tournure populaire, avec un comité locale de lutte et des manifestations réussies.
En mars 2010, un « Comité de Défense de la Plaine » réunissant les principales personnalités de la gauche locale fut fondé. En effet, le projet de patinoire et de village olympique pour les athlètes devaient être construits dans la plaine de Passy,classée Zone Naturelle d’Intérêt Écologique pour la Faune et la Flore (ZNIEFF), avec la présence de castors d’Europe, de cigognes blanches, ou encore de la lâche à fruits brillants.
Dans la réunion publique de création de ce comité locale, voilà comment est présentée la situation :
Depuis des années, les projets pour urbaniser et bétonner la plaine se multiplient Certains semblent désireux de la vendre à tout prix. Avec les Jeux Olympiques d’Annecy 2018, une nouvelle et forte tentative se dessine avec l’implantation du village olympique et d’une patinoire d’au moins 12 000 places (!) ? Garder son « poumon vert » est indispensable pour notre vallée déjà sévèrement attaquée par les pollutions de toutes sortes et par l’urbanisation galopante. Ne laissons par faire les « fausseurs de miracles » qui ne rêvent que béton, asphalte, remontées mécaniques.
Ce comité fut à l’initiative d’une pétition qui recueille très vite plus de 3000 signatures, et plus de 5000 tracts furent distribuées dans la commune.
Le 8 mai 2010, ce sont des centaines de personnes qui se mobilisent autour du lac de Passy. La réunion des J.O de Domancy ont été bloqués par une quarantaine de personnes, aidées par les tracteurs des agriculteurs.. L’apogée de la mobilisation fut le 25 septembre 2010 avec une manifestation dans les rues de Sallanches, rassemblant plus de 1000 personnes…
https://www.youtube.com/watch?v=Y8odZP9hlm0&t=5s
Alors que la pollution de l’air devient à ce moment une problématique de plus en plus connue par la population locale, un tel projet est vu comme « le début de la fin » du cadre de vie locale.
Le morceau produit par le groupe de rap de Passy « Frères de Plumes » témoigne bien dans cet ancrage populaire, avec un clair rejet d’un projet inutile, anti-démocratique et écocidaire :
Finalement, la candidature d’Annecy n’a pas été retenue comme ville d’accueil des J.O d’hiver 2018, certains élus locaux s’étant éloignés du projet pour ne pas être exposés au feu de la critique populaire…
On peut toutefois regretter que cette lutte ait insisté sur la défense agricole plutôt que sur la protection de la Nature pour elle-même.
Le rapprochement avec les agriculteurs locaux supportés par la FNSEA, syndicat très à droite et peu soucieux de l’écologie, a quelque peu « rabaissé » la défense de la « plaine » comme écosystème des plus précieux.
Il n’en reste pas moins que le peuple de la vallée de l’Arve peut s’organiser et gagner face aux intérêts bornés et destructeurs de l’industrie touristique ! On peut toutefois regretter que cette lutte n’est pas plus insister sur l’écocide, sur la défense en soi de la vie et de la Nature.
[…] qui se joue c’est bien un combat populaire et démocratique où la population doit réclamer l’ensemble des moyens d’un État (scientifiques, […]