Après l’ampleur prise par la pollution de l’air dans la vallée de l’Arve, les autorités ont été amené à mettre en place en 2012 un Plan de Protection de l’Atmosphère (P.P.A) pour une durée de cinq ans (2012-2017).
Alors qu’un second P.P.A est en cours d’élaboration, sur lequel nous reviendrons par la suite, dressons d’abord un bilan critique du premier plan.
Le plan de la vallée de la vallée de l’Arve fait ainsi partie de 38 autres plans (approuvés ou en cours de validation), principalement dans les aires urbaines (Paris, Lyon, Lille, Grenoble…). L’essentiel d’un P.P.A est de surveiller l’évolution des niveaux de pollution en accord avec les seuils réglementaires en vigueur, et de les ramener au-dessous lorsqu’ils sont dépassés.

Précisons d’emblée qu’un P.P.A est une mesure de gestion immédiate du problème, entièrement piloté par l’Etat (préfet de région, préfet de police) et qu’il ne vise aucunement à mobiliser la population locale afin de supprimer les causes elles-mêmes de la pollution.
Le P.P.A de l’Arve : un enjeu national

Le P.P.A de la vallée de l’Arve n’est donc pas un plan parmi tant d’autres : sa spécificité réside dans le fait que la pollution atmosphérique ne se limite plus aux grandes villes. Que cette pollution soit si forte dans une endroit qui, il y a à peine 50 ans, était prisé pour ses sanatoriums au coeur d’un air de qualité en dit long sur l’impact néfaste de tout un mode de production.
Le P.P.A de la vallée de l’Arve reflète donc un enjeu et une responsabilité d’ordre national, celui de la lutte contre un drame écologique qui est doréanavant répandu sur une immense partie du territoire, y compris dans des espaces qu’on a longtemps pensé « épargnés ».
Mais alors que représentait le premier P.P.A de la vallée de l’Arve ?
Ce fut 7 thématiques qui ont été élaborées, avec pour chacune des mesures spécifiques, soit de surveillance, soit d’interdiction. On y retrouvait ainsi le contrôle des chaudières à combustion, des interdictions sur le brûlage des « déchets verts », des mesures de limitation de la vitesse sur l’autoroute, des dispositifs de réduction des émissions industrielles de particules, et l’interdiction des feux d’artifice.
Concrètement, quelles sont les mesures qui ont été mises en place ?
Force est de constater que les mesures réellement mises en œuvre ont été dérisoires…

Un des mesures d’ampleur fut le fonds air-bois avec une aide au départ de 1 000 € (2 000 € depuis 2017) pour les particuliers souhaitent remplacer leurs appareils de chauffage au bois polluants.
Sur 11 000 appareils recensés, ce sont 3 200 cheminées qui ont été changées entre 2013 et 2017. Mais la pollution aux PM10 n’a baisé que de 7 %…
Si l’émission importante de PM10 (particulers de 10 micronmètres en suspension dans l’air) par le chauffage au bois en « foyers ouverts » a été pris au sérieux, la mesure mise en oeuvre reste faible, sans envergure collective…

Il est juste de critiquer que 1 000 € à 2 000 € reste une modique somme pour un changement d’appareil pouvant aller jusqu’à 7 000 €.
On reste ainsi pris dans le piège du choix individuel. Or, dans une société qui valorise l’individu et son égoïsme consommateur, il est peu étonnant que la majorité de la population « choisisse » de mettre leurs dépenses ailleurs que dans le changement de leur système de chauffage defectueux.
Le problème est ici d’ordre culturel, avec des mentalités trop fortement individualistes et dépendantes de la propriété privée.
La solution se situe bien dans la promotion de la vie collective, c’est-à-dire dans l’habitat populaire et solidaire, une des perspectives les plus viables à long terme afin de dépasser l’égoïsme des individus.
Cela est d’autant plus juste que la vallée de l’Arve a comme principal problème un taux de densification humaine bien trop élevé, avec une densité de 100 habitants au Km2, soit près du double par rapport à la zone similiaire de Saint-Jean de Maurienne…

Pour simplifier, on peut dire que le PPA 2012-2017 s’est essentiellement concentré sur le fonds air-bois et sur des mesures d’urgence, principalement concentrées sur les particuliers comme l’interdiction de l’écobuage, des feux d’artifice ou la limitation de vitesse à 110 km/h du 1er novembre au 31 mars…
Même l’interdiction de certaines catégories de poids lourd (Euro II, et Euro III) est peu efficace puisqu’ils ne représentent qu’une très faible partie du trafic de marchandise…
Les dispositifs de contrainte d’Etat sur le secteur des transports (PM10, NOx) et l’industrie (source importande de Benzo(a)pyrène) sont dérisoires, comme le fonds air-industrie qui reste un dispositif très flou sans contrainte réelle ou l’absence d’un plan de report du transport de marchandise sur le rail.
Pour un P.P.A au service de la collectivité !
Dans le P.P.A, il y a donc la question d’un plan. Pour nous, cela signifie évidemment la planification démocratique avec l’idée que la population se mobilise et organise sa vie collective sur le long terme dans un but de progrès social et de protection de la biosphère.
Un P.P.A devrait être un outil porté par la population locale dans une perspective de rationalisation de la vie collective. Des réels transports en commun, des habitations populaires, une production agricole collective et solidaire, des usines contrôlées par la population locale, bref une vie rationnalisée dans un but de protection écologique semble bien une des meilleures perspectives démocratiques à long terme !
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