Ce mardi 28 août, à l’antenne de France Inter, Nicolas Hulot a donc annoncé sa démission de son poste de Ministre de la transition écologique et solidaire. Le poids énorme des intérêts des chasseurs a été le déclencheur d’une démission qui semblait inévitable pour toute personne de gauche.
Dans la vallée de l’Arve, les questions écologiques sont là, et principalement la pollution de l’air qui reste une problématique terrible dans la vie quotidienne.

Localement, les associations et collectifs faisant de l’agitation pour combattre cette pollution avaient placé de grands espoirs en Nicolas Hulot, vu comme quelqu’un qui allait « pouvoir peser de l’intérieur » des institutions.
Le collectif Inspire déclarait « La nomination de Nicolas Hulot, une excellente nouvelle pour l’environnement et pour la vallée de l’Arve ».
Alain Nahmias, pour l’ARSMB, déclarait « Sa nomination peut ouvrir de belles perspectives pour l’environnement et pour nos vallées de montagne. Nous voulons voir en lui un allié objectif qui connaît parfaitement les sujets qu’il aura à traiter. Souhaitons lui d’avoir la ténacité pour vaincre les lourdeurs de l’administration et les bassesses du monde politique. Félicitations et bon courage ».
Les attentes ont semblé ensuite se réaliser dans un processus concret à l’été 2017. En effet, Nicolas Hulot avait répondu à l’appel des associations de la vallée de l’Arve, pour créer un « groupe de travail » (juillet) puis une visite ministérielle (septembre 2017).

Lors de sa visite à Chamonix (effaçant, par ailleurs, le coeur de la vallée de l’Arve le plus durement touché par la pollution de l’air), Nicolas Hulot avait pu affirmé qu’il « n’avait pas de baguette magique », parlant de la vallée de l’Arve comme « d’un laboratoire » et de sa visite comme d’une « étape » d’un plan d’action plus large.
Il y avait là la preuve d’une certaine sincérité de sa part, bien qu’au final le plan de qualité de l’air, présenté en mars 2018, se limitait surtout à réunir des mesures déjà envisagées dans le premier plan de protection de l’atmosphère (PPA)…

Résoudre la problématique de la pollution de l’air n’est bien sûr pas une simple tâche « administrative », cela demande une refondation de tout un style de vie, d’un mode de production et des mentalités.
Mais, au fond, maintenant tout est clair : comment agir réellement sans des moyens institutionnels qui suivent, sans un vaste mouvement venu des gens d’ « en bas » ?
C’est le sens de la démission de Nicolas Hulot, qui brise ainsi les attentes qui pouvaient encore exister dans la capacité du régime politique actuel à réellement prendre en compte l’urgence écologique.
Dans l’article du Dauphiné Libéré de ce mercredi 29 août, Arnaud Grossement, avocat en droit de l’environnement, démontre le blocage de tout l’appareil d’État :
L’écologie est vue comme une politique publique comme les autres, alors qu’elle devrait être centrale. […] La haute fonction publique n’est pas convaincue que l’écologie est un sujet sérieux. L’autre problème est institutionnel : l’Etat n’est pas organisé pour que l’écologie soit au centre des décisions.
Nicolas Hulot s’est heurté aux limites de sa propre classe sociale ; une classe sociale qui gère le capitalisme, avec l’accumulation des richesses comme premier but, l’exploitation des « ressources » comme seule vision à long terme, la défense de ses traditions (comme la chasse) comme unique valeur culturelle.
Bien sûr, pour les personnes de Gauche, tout était bancal dès le départ car Nicolas Hulot peut bien fustiger, à juste titre, le poids des « lobbys », il n’en reste pas moins vrai qu’il fut lui-même largement modelé par un système (les revenus de l’entreprise Eole) qu’il a pensé pouvoir transformer « de l’intérieur ».

On peut alors se demander maintenant si les associations de la lutte contre la pollution de l’air ne se retrouvent pas piégées par leurs propres espoirs déçus ?
La présidente d’Inspire, Anne Lasmann Trappier, parle de cette démission comme d’une « catastrophe » et appréhende la reprise du dossier car « il va falloir convaincre son successeur, on va repartir de très loin ». Inspire ne tire pas de conclusions de la démission de Nicolas Hulot et pense pouvoir continuer comme avant, dans la participation normale à des institutions bloquées.
Quant à l’association ARSMB, elle déclare « Nicolas Hulot ne parvenait pas à faire valoir ses vues depuis bien longtemps. Il a été méprisé par ce gouvernement qui a largement arbitré contre lui. Rester mais ne rien pouvoir faire n’était plus une option. Peu importe qui sera notre nouvel interlocuteur, il n’aura aucun pouvoir ». Cela est bien plus réaliste, d’une plus grande dignité !
Quoi qu’on en dise, il faut avouer que la démission de Nicolas Hulot est un électrochoc pour les personnes militantes de l’écologie, et particulièrement dans la vallée de l’Arve, pour les personnes se battant pour un « air pur ».
Il est maintenant de notre devoir de continuer à nous battre mais en prenant compte de la réalité politique et institutionnelle : seule l’organisation d’une lutte autonome des institutions peut déverrouiller la situation, c’est la seule « feuille de route » possible !
[…] que ces revendications ne peuvent être satisfaites en collaborant avec les institutions actuelles. La démission de Nicolas Hulot a révélé que la société capitaliste marchande ne peut […]
[…] de financement mais également de contrôle implacable des mesures. Il ne faut pas oublier que la démission de Nicolas Hulot a révélé l’inconsistance de cet État à prendre aux sérieux l’écologie, tout […]