L’urgence écologique est comme une chape de plomb qui pèse au dessus de la vie de tout un chacun, conditionnant le futur de l’humanité elle-même. La pollution de l’air est ici un écocide qui implique une mortalité prématurée et une dégradation des écosystèmes (eaux, sols, etc.)
Il y a alors une pensée spontanée qui vient : si l’homme ne vit qu’à travers une Nature préservée, il serait de « bon sens » d’agir en profondeur pour la protéger et assurer une vie digne pour les générations futures. On entend ici souvent que « l’air n’a pas d’étiquette », que lutter contre la pollution cela « n’est pas une attitude partisane ».
Faire de la pollution de l’air et de l’écologie des enjeux nouveaux qui ne se rattachent pas à un clivage politique, c’est tout simplement faire de la démagogie.
Démagogie pour les responsables qui connaissent l’histoire politique, et naïveté irresponsable pour celles et ceux qui ne veulent pas poser cette question.
Qu’est-ce-que le clivage Gauche / Droite ?
Ce qu’on appelle le clivage Gauche/Droite correspond un positionnement social, culturel et idéologique par rapport à l’organisation de la société. Ce sont deux visions du monde et de l’organisation humaine qui sont nées à la suite de la Révolution française en 1789.
Lors de la convocation des états généraux par le roi, les aristocrates défendant la conservation de la société féodale (propriété de la terre, héritage du pouvoir par le sang, puissance de l’Église, etc.) se sont rangés à droite du roi. Les représentants du « tiers-état » (peuple), dirigés par les bourgeois (avocats, marchands, etc.), souhaitant l’abolition des privilèges et portés par une vision libérale se sont placés à gauche.

A cette époque, c’est la Gauche qui a fait progresser la société en dépassant les vieilles mentalités féodales, en unifiant la nation avec le développement du capitalisme. La droite était représentée par les forces monarchistes et aristocrates voulant restaurer l’ordre ancien. Pendant le XIXe siècle, cette gauche issue de la bourgeoisie et façonnée par le mouvement des Lumières a vaincu les restes de la vieille société.
Avec l’exploitation capitaliste est apparue la misère ouvrière, ce qui a produit un mouvement ouvrier ayant comme projet de dépasser la société capitaliste. La Gauche, issue de la bourgeoisie et de la raison des Lumières, s’est restructurée autour la classe ouvrière avec un nouveau projet rationnel de société, nommé « socialisme ». La société a continué a progresser : on lui doit les multiples conquêtes sociales, mais aussi celles en faveur des femmes et des minorités ethniques et culturelles.

La Gauche c’est une vision historique qui met au centre le progrès de la société, alors que la droite développe une vision figée de l’Homme et de la société. La Gauche cherche à dépasser un ancien ordre social vecteur d’inégalités, de violence ; elle propose un projet de transformation sociale quand la droite propose la gestion de la société telle qu’elle est, une adaptation sans rupture aucune avec l’ancien monde.
La pollution de l’air est une conséquence du mode de production capitaliste.
Faut-il réfléchir longuement pour comprendre que c’est toute la logique du système de production actuel qui génère la pollution de l’air ?
Le capitalisme est une organisation sociale et économique qui produit des mentalités qui lui correspondent.
La base du capitalisme, c’est la propriété privée des moyens de production (usines, transports, terres agricoles, etc.). Le moyen du capitalisme, c’est le travail salarié et la transaction marchande. Le but de chaque capital, c’est de monopoliser un marché afin d’élargir toujours plus massivement l’investissement de départ.
L’organisation sociale est donc renvoyée à des initiatives individuelles et des monopoles économiques privés reliés par la chaos du marché.
Les usines, le transport de marchandises et de personnes, les logements, produisent notre environnement. Tout est conditionné par ce système et si l’on veut avancer il semble impératif de chercher à le transformer.
Pourquoi un transport par voiture plutôt qu’une mobilité collective via des transports en commun ?
Pourquoi des échanges commerciaux éparpillés dans des camions plutôt que concentrés dans des trains ?
Pourquoi des logements individuels avec cheminées plutôt que des bâtiments à taille humaine avec chauffage centralisé et collectivisé ?
Autant de questions qui posent des solutions ancrées ou bien à gauche ou bien à droite car liées à la rupture ou non avec le capitalisme. Quelques exemples :
- Le trafic par camions est plus avantageux pour l’accumulation du capital : plus souple, plus flexible, elle nécessite une infrastructure à faible coût (la SNCF ayant elle-même monopolisé ce secteur avec la société Geodis). Le Droite analyse cela en terme de « loi du marché » et qu’au mieux faudrait faire pression sur la SNCF pour la faire « changer », au pire il ne faut pas intervenir dans les affaires d’entreprises privées,. A l’inverse, la Gauche pourra revendiquer un contrôle démocratique et populaire de la SNCF en tant que service pour la collectivité.
- Obtenir un réseau de transport en commun gratuit. La Droite brandit l’argument du coût économique, que cela n’est pas possible, alors que la Gauche peut affirmer que l’argent est là mais qu’il est surtout capté par les propriétaires des entreprises, demandant des dividendes toujours plus énormes au détriment d’investissements sociaux et écologiques.
Que la Gauche ait échoué de part le passé, qu’elle est trahit ses engagements ne doit pas pour autant masquer son héritage dans lequel réside les clefs culturelles, idéologiques et politiques pour avancer. Cet héritage est simple : c’est la perspective de collectiviser la vie et de planifier la production dans un sens rationnel afin de progresser socialement, et dorénavant : écologiquement.
La Gauche doit être en mesure de formuler une proposition stratégique pour la vallée de l’Arve, avec en premier lieu la formation de comités populaires dans un but de planification démocratique des déplacements, des échanges et de la production.
[…] Voilà tout un angle mort de la lutte contre la pollution de l’air, un angle qui n’est pas regardé par les associations locales car elles refusent de se positionner sur le plan politique. […]