Depuis le 09 avril 2019, la préfecture de Haute-Savoie étudie la possibilité d’ouvrir la chasse au sanglier et au chevreuil pendant l’été, c’est-à-dire du 1er juin au 7 septembre. L’ensemble des tirs d’été est soumis à régulation préfectorale et l’argument des gens en faveur de celui-ci est « cela se fait bien ailleurs, alors pourquoi pas en Haute-Savoie ? ».
La préfecture soumet donc cette proposition à consultation publique, ce à quoi l’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) appelle à répondre contre avec un certain nombre d’arguments capitaux.
Si la proposition fait beaucoup parler, c’est qu’en Haute-Savoie les loisirs de nature sont une chose à laquelle sont attachés beaucoup de gens.
D’ailleurs l’homicide du vététiste à Montriond en octobre 2018 avait profondément ému et frappé : cela pouvait donc arriver sur les sentiers alpins, au détour d’un virage, d’un bosquet, d’une rivière.
Sur la page Facebook de la fédération de chasse de Haute-Savoie, on voit donc beaucoup de gens qui font part de leur désapprobation, se rappellent du vététiste et sa famille et évoquent le problème des vacances.
En Haute-Savoie ce sont des balades en forêt, moment privilégié pour s’émerveiller devant l’effervescence de la vie, de sa beauté et sa diversité, sa force tranquille. On en profite pour apprendre le nom des plantes et des animaux aux enfants, qui sont souvent les premiers à se demander pourquoi nous détruisons cette merveille et pourquoi les chasseurs tuent les animaux.
N’est-ce pas ironique que le décret sur les tirs l’été soit défendu par l’argument « pédagogique » de former de jeunes chasseurs alors qu’il faudrait un vaste programme de sensibilisation des enfants à la compréhension des écosystèmes et des animaux qui en font partie ?
Qu’y a t-il de positif à éduquer des jeunes à tirer en haut d’un mirador à 7h du matin sur de pauvres animaux sans défenses ? On est là à mille lieux de l’image de « premier écologiste de France » revendiquée par les chasseurs…
De plus, l’été pour les animaux c’est un rare moment de répit, avec des progénitures qui ne sont pas encore sevrées et de nombreuses espèces qui peuvent être troublées par les tirs.
Malgré une désapprobation évidente, que viendra sans doute souligner le résultat de la consultations, peu de choses semblent prédire que l’arrêté sera rejeté.
En fait, le gouvernement d’Emmanuel Macron se lie à la droite conservatrice pour former un front réactionnaire dans les campagnes. Au cœur de ce front, il y a donc les chasseurs, véritable arsenal idéologique et culturel qui maintient les campagnes dans des traditions et des mœurs rétrogrades.
Pour s’en convaincre, il suffit de voir que Laurent Wauquiez avait attribué de belles subventions aux chasseurs de la région AURA, mais aussi que le président Macron a abaissé le prix du permis de chasse, ou enfin la fusion de l’Office Française pour la Biodiversité avec l’Office National de la Chasse en une seule et même structure.

Et dans cette dynamique, un décret visant à durcir l’entrave à la chasse va permettre de réprimer fortement les militants opposés à cette pratique néfaste (délit maintenant passible d’emprisonnement).
D’ailleurs, cela intervient après une deuxième saison réussie pour le mouvement AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui), né de l’usure des riverains envers la chasse à courre, une pratique particulièrement barbare de la chasse.
Le régime veut ainsi renforcer son assise en liant organiquement la ruralité aux chasseurs. Il y a là une véritable opération de profondeur lorsqu’on sait tout le travail politique et culturel réalisé par les chasseurs pour défendre leurs intérêts.
Les forces progressistes se doivent de battre, sur le terrain politique et culturel, cette manœuvre détestable en rappelant que la ruralité est composé en grande partie d’une population qui profite de la nature sans la violenter.
[…] A la fin avril, la préfecture mettait en place une consultation publique visant à autoriser, à partir du 1er juin et jusqu’à septembre, les tirs de sangliers, chevreuils et de renards. Alors que les chasseurs ont reçu du gouvernement de multiples cadeaux, la validation d’un tel arrêté serait un nouveau pas franchi dans le renforcement du front réactionnaire local. […]
[…] démocratique contre le projet préfectoral des tirs d’été en Haute-Savoie, et de sa signification politique. Nous disions ainsi […]