Avec 64 656 voix (25, 32%) contre 46 191 voix (18%) pour le Rassemblement National, La République en marche conserve de solides appuis en Haute-Savoie.
Mais alors d’où provient cette solidité d’ En Marche ? D’où vient le soutien au projet d’une société atomisée en individus cherchant à capitaliser tout ce qui possible ?
La première chose qui vient à l’esprit est sans aucun doute le poids de la richesse dans le département. Il est certain que la Haute-Savoie est, de part son industrie touristique, ses travailleurs frontaliers suisses mais aussi son industrie du décolletage, un département plutôt riche.

Archamps, ville la plus chère de France car frontalière avec Genève, offre à La République en Marche 33, 2 % de ses suffrages contre 13, 28 % au Rassemblement National.
Mais si les comportements politiques à Archamps sont compréhensibles, comment expliquer l’arrivée en tête d’ En Marche dans de nombreuses communes de la vallée, comme Arâches-la-Frasse, Nancy-sur-Cluses, Mont-Saxonnex, Ayse, Amancy, Domancy, Sallanches, etc. ?
Historiquement, il y a une scission sociale et culturelle entre les villages paysans et les vallées ouvrières. Cette scission s’est toujours reflétée dans une opposition politique avec des fonds de vallée votant plutôt au centre-gauche et des villages plutôt de droite- conservatrice.
Cet héritage culturel et politique est lié à une structure sociale particulière. En effet, la paysannerie a obtenu dès le XVIIIe siècle son affranchissement des seigneurs, faisant que la grande majorité des exploitations est en faire-valoir direct pour une moyenne de 0 à 5 hectares.
Au plan culturel et politique, cette structure paysanne s’est exprimée dans l’individualisme du petit propriétaire attachée à la stabilité politique.
Ainsi, pendant toute la IIIe République, ce sont les notables du Parti radical-socialiste qui ont dominé la vie politique locale, ces républicains anti-cléricaux grands défenseurs de l’ordre social inégalitaire. Même après le terrible conflit de Cluses en 1904, c’est toujours Émile Chautemps, radical-socialiste, qui est élu. C’est que les ouvriers étaient encore, aussi, des paysans. Et puis à la sortie de la seconde guerre mondiale, c’est la droite gaulliste qui a dominé la région.

On ne peut donc pas comprendre le poids du conservatisme localement sans en analyser ses fondements historiques. Toute cette configuration paysanne s’est sédimentée dans les mentalités, mais aussi dans une réalité quotidienne : nombreux sont les personnes à avoir hérité de la ferme des grands-parents !
Alors pourquoi n’est-ce pas Les Républicains qui triomphent mais En Marche ?
Justement à cause de ce poids historique de la propriété privée qui génère une position « centriste », reflet d’un désir de stabilité politique et de conformité avec la tendance dominant le pouvoir.
D’ailleurs ce centrisme s’oppose à une fausse recherche de radicalité. On retrouve l’opposition villages d’altitudes et vallées ouvrières : En Marche d’un coté, Rassemblement National de l’autre.

Mais finalement, les ouvriers du bas de vallée placent le Rassemblement National en tête car ils sont ouvriers, mais avec toujours cette mentalité héritée de la paysannerie et cet attachement à la propriété privée. Ils voudraient tout changer mais sans finalement rien changer. Stabilité sociale oblige !
Aucune analyse sur le vote Vert dans certaines communes ?
Bonjour Martin,
Nous avons produit une analyse de la percée écologiste ici : http://arveagauche.fr/2019/05/la-signification-de-la-percee-ecologiste-aux-elections-europeennes/
Mais vous avez raison, il serait très judicieux de procéder à une analyse fine et détaillée selon le contexte communal. Il y aurait des choses à dire !
D’ailleurs, si vous avez des remarques ou même une contribution à proposer, nous sommes ouverts à toute proposition constructive.
[…] >> Voir aussi : comprendre la victoire de La République en Marche aux élections européennes de mai 2… […]
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