Lorsque le capitalisme est en crise, il y a une tendance de fond vers la Guerre. La guerre est un moyen d’étendre le capital, conquérir de nouveaux marchés, mais aussi de booster l’industrie.
L’histoire de la Première guerre mondiale dans la vallée de l’Arve est un bon exemple de comment le capitalisme s’est modernisé grâce à la Guerre.
En 1914, dans vallée de l’Arve, il y a l’usine électrochimique située à Chedde et l’industrie horlogère tout autour du bassin de Cluses. L’industrie horlogère est au bord de la faillite et la déclaration de Guerre n’arrange rien (suspension de la zone franche commerciale avec Genève et mobilisation des ouvriers).

Dès les premières semaines de combats de l’été 1914, on compte près de 250 000 morts, dont 75 000 pour la seule journée du 22 août. C’est l’hécatombe. Le nord du pays qui fournissait la majorité de l’acier et du charbon avant-guerre est dans le feu des combats et ne peut plus fournir les matières premières.
À cela s’ajoute des erreurs de prévision : le premier plan militaire en 1912 ne prévoyait pas de mobilisation économique et sociale totale. Ainsi, alors qu’il y a une demande de 100 000 obus par jour, seulement 10 000 sont produits quotidiennement.
L’État va alors stimuler dès la fin de l’été 1914 la production vers une mobilisation totale : la première Guerre mondiale n’a donc pas été « organisée » par les industriels mais elle a très vite montré ses bénéfices !
En septembre 1914, le sous-secrétaire d’État se rend à Chedde pour évaluer le potentiel industriel pour l’armement. Il sera créé un nouvel atelier, la « poudrerie militaire des usines de Chedde » (cheddite) surveillée par cinquante militaires et une quinzaine de surveillants dans la localité.
L’usine de Chedde devient la poudrerie nationale, à base de perchlorate de soude avec une augmentation des effectifs ouvriers et de la consommation électrique. L’usine passe à 1 372 ouvriers en juillet 1917 et de 39,7 millions de KwH consommés en 1909 à 78 millions en 1916.
L’horlogerie va alors se reconvertir dans le décolletage, notamment pour la fabrique des fusées d’obus qui nécessitent plus de 35 petites pièces.

À Cluses, l’usine Carpano compte 72 ouvriers, dont 22 militaires, et fabrique dès octobre 1914 les fusées complètes.
À Annemasse, les établissements Barrault produisent 2 000 têtes d’obus et l’usine électrochimique du Giffre se spécialise dans le ferro-chrome (aciers pour les canons, les munitions et les blindages).
Après 1915, on compte plus de 37 nouvelles usines dédiées à la production d’éléments de fusées pour obus. Ainsi, « Charles Rode-Stucky » est créé à Saint-Pierre qui, associé à Baud industrie, fabrique des fusées en laiton. Avec la guerre aérienne à partir de 1917, le laiton sera de plus en plus important.
Si l’économie reste libérale (liberté de contrat et des prix), les commandes de l’État tirent la production industrielle, modernisent les capacités de production, et donc augmentent les profits.
Par exemple l’usine électrochimique du Giffre, qui compte en 1915 160 salariés, voit ses profits passer de 500 000 francs en 1914 à 1 500 000 francs en 1917 !
En France, la guerre a engendré 1,5 millions de morts, dont 20 000 savoyards. Ce sont 1,9 millions de blessés lourds et 1 million de chevaux qui ont péris dans les combats.
La Guerre pour la Patrie n’a jamais été dans l’intérêt des peuples. Comme le disait Anatole France : « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels ».
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