Un vaste chantier anime depuis quelques mois la commune des Houches, à côté de Chamonix. La vue de ce chantier donne le vertige et produit un malaise tant la montagne est creusée, enfoncée, coupée, mutilée, dans un ballet incessant et vrombissant d’engins.

Ce chantier à 10 millions d’euros est une commande directe de la Fédération Internationale de Ski afin d’élargir et améliorer la raquette d’arrivée de la « Verte des Houches », ou plus communément appelée piste du Kandahar, sur laquelle se déroule une coupe du monde de descente.
Qu’il est triste de voir des sapins coupés alors même que la piste tire son nom de ces arbres qui la bordent et la verdissent tout le long. Cette empathie est évidemment rationnelle : le terrassement détruit des écosystèmes et altèrent les fonctions d’épuration des sols de basse montagne.
Ainsi, l’association environnementale de Chamonix « Inspire 74 » a réalisé une vidéo d’information sur ce chantier révoltant et pourtant commun à une majorité de stations de ski :
La communauté de Chamonix a répondu très rapidement. Au-delà des justifications sur la mobilité et la pratique délirante et parfois néfaste du « ré-engazonnement », la communauté de communes de Chamonix répond de manière très pragmatique et cynique :
« Le réchauffement climatique déploie ses effets sous nos yeux, mais le réalisme impose de reconnaître que l’opération Kandahar reste une opération crédible à l’horizon 10/15 ans qui est le nôtre. Il faut aussi reconnaître que nos successeurs devront probablement ajuster les projets en fonction de la nouvelle donne climatique des années 2030/2040. « A chaque jour suffit sa peine… »
Karl Marx raillait déjà cette mentalité bourgeoise :
« Le Capital (…) est aussi peu ou tout autant influencé dans sa pratique par la perspective de la pourriture de l’humanité et finalement de sa dépopulation, que par la chute possible de la terre sur le soleil. Dans toute affaire de spéculation, chacun sait que la débâcle viendra un jour, mais chacun espère qu’elle emportera son voisin après qu’il aura lui-même recueilli la pluie d’or au passage et l’aura mise en sûreté. Après moi le déluge ! Telle est la devise de tout capitaliste et de toute nation capitaliste. »
Avec un chantier réalisé par l’entreprise Benedetti-Guelpa, propriété du monopole Vinci, la communauté de communes de Chamonix impose ainsi un projet anti-démocratique et anti-populaire pour le seul bénéfice d’intérêts capitalistes.
La communauté de Chamonix met bien évidemment le paquet sur la prétendue « ferveur populaire » du Kandahar et sur « l’identité du territoire et de son attractivité hivernale ».
Ce n’est là qu’un tour de passe-passe pour favoriser la bonne marche du tourisme et défausser ses responsabilités de manière absurde et indigne sur les générations futures.
>> Voir aussi : Plan pour le Mont-Blanc : des mesures pour sauver l’industrie touristique
Il faut bien se dire qu’il n’y a pas d’autre « offre touristique » possible. Les écologistes ne peuvent se fixer comme objectif qu’une montagne épargnée de flux massifs et de l’oppression anarchique du marché.
Et pour cela, il faut que les masses populaires se soulèvent car si tel n’est pas le cas il est clair que l’ajustement dans 10 ans ne se fera qu’à coup de canons à neige et autres dispositifs anti-naturels pour « garantir » l’ « or blanc ».