La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) a lancé une campagne pour soutenir sa démarche d’interdiction de la chasse des oiseaux inscrits à l’annexe une de la directive européenne concernant la conservation des oiseaux sauvages. Mais face à un régime qui s’appuie sur les chasseurs, la LPO ne peut parvenir toute seule à protéger ces espèces menacées de disparition.
En Haute-Savoie, un de ces oiseaux présents sur cette liste est le lagopède alpin ou plus précisément le Lagopus muta helvetica présent dans les Alpes du Nord.

Cette sous-espèce du lagopède est très sensible au réchauffement climatique car elle s’est développée dans des conditions de froid extrême. Une infime variation de température la perturbe et c’est pour cela que l’espèce diminue en taille avec une déplacement de plus en plus haut en altitude pour avoir de la fraicheur.
Rappelons que le réchauffement climatique s’intensifie plus vite dans les Alpes, avec déjà une élévation moyenne de + 2°c par rapport à l’ère pré-industrielle.
>> Voir aussi : le dérèglement climatique s’intensifie dans les Alpes
Il faut s’imaginer la vie de ces oiseaux fragiles, pris entre l’étau de la sur-fréquentation des massifs (randonnées, pollution sonore et lumineuse, ski l’hiver…) et le réchauffement climatique. Comme si cela ne suffisait pas, les chasseurs en rajoute une couche dans leur calvaire.

La LPO a ainsi envoyé une carte à remplir à tous ses adhérents pour interpeller le président de la République sur cette question.
Or, le président Emmanuel Macron s’est fait le président des chasseurs, comme aucun autre président ne l’avait fait depuis peut-être Georges Pompidou. Cela explique en partie que les lignes peinent à bouger de ce côté là.
>> Voir aussi : Chasse et écologie, un vaste plan de communication
Le mois dernier, la LPO a été déboutée de sa demande de suspension d’urgence, le temps d’une enquête de fond.
D’un autre coté, le lagopède est une petite proie de prédilection pour les chasseurs, justement puisqu’il est rare et que les quotas concernant cette espèce sont plutôt restreint. C’est en somme assez honorifique de pouvoir en tirer un.
En 2019, 14 lagopèdes ont été autorisés au tir, 5 ont été tués en Haute-Savoie. L’autorisation est décidée selon les comptages, réalisés par les chasseurs, si le nombre compté est « satisfaisant ».
La LPO a bien raison de vouloir interdire cette chasse. C’est une évidence qu’une espèce menacée ne doit pas être chassée, et cela d’autant plus à l’heure de la réduction massive des espèces vivantes.
Le problème c’est que tant que l’appareil d’Etat aura pour ciment idéologique la sauvegarde du « terroir » et des « traditions » vus comme la seule valeur du monde rural, cela n’avancera pas.
Seules de larges mobilisations populaires revendiquant une ruralité fondée sur la compassion et l’harmonie sont à même de faire avancer la cause écologique et en faisant reculer les chasseurs.

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