L’industrie du ski en France est très développée, à tel point qu’elle est une des premières destinations pour le ski dans le monde. Le pays du Mont-Blanc en est évidemment le fer de lance. Avec la concurrence aiguisée par le réchauffement climatique, les stations se livrent un combat acharné : c’est la course à l’équipement pour moderniser les domaines skiables.
Depuis les années 2000, les stations savoyardes rivalisent dans des projets démesurés. Il s’agit de remplacer les remontées par des équipements toujours plus rapides, déversant un débit de skieurs de plus en plus grand, au détriment de la nature.
Avec la baisse générale des « classes de neige », le ski est de moins en moins une activité sportive pour devenir de plus en plus une forme de ballade. Ainsi, pour faire miroiter aux touristes des kilomètres de pistes enneigées, la tendance à la connexion de vastes domaines skiables.
C’est par exemple le projet, longtemps repoussé, de relier le domaine de Saint-Gervais à celui des Contamines, celui des Contamines aux Saisies. Il existe aussi des projets de raccordement du grand massif à Passy Plaine-Joux, sans parler des supers domaines comme le Grand Massif… Cela répond évidemment aux besoins d’écoulement des marchandises pour les monopoles du secteur.
Dans ce secteur, l’enjeu principal est évidemment la quantité et la qualité de la neige qui est d’ailleurs nommée « l’ or blanc ».
Et c’est là qu’il y a une fuite en avant puisque pour contrer le réchauffement climatique, il y a les investissements massifs dans les canons à neige, avec ces vastes travaux de terrassement pour la création de retenus collinaires et ses effets néfastes pour les écosystèmes. A cela s’ajoute une conquête toujours plus élevés des plus hauts cimes, empiétant sur des zones sauvage auparavant vierges.
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Pour écouler la marchandise, il faut la rendre attractive. Une autre conséquence de la réduction des « classes de neige » est la baisse du niveau des skieurs. Il faut donc proposer quelque chose adapté.
Les stations proposent une offre de pistes toujours plus facile, plus accessibles aux débutants. Cela implique de nouveaux terrassements afin d’élargir une arrivée un peu étroite, transformer une piste bleue en piste verte, réaliser une jonction jusqu’à l’hôtel.
Or, ces terrassements sont des désastres écologiques. Ils détruisent un sol montagnard qui est déjà, par nature, très fragile. Face aux grignotages des aménageurs, il arrive que certains espaces protégés soient déclassés pour satisfaire aux exigences capitalistes.
Des zones humides sont rasées . Pour éviter une trop grande érosion du sol, des drains sont posés. En conformité à l’esprit bourgeois qui ne conçoit la nature que comme un « paysage », un des principaux soucis est le « reverdissement » des terrains artificialisés.
Les pentes raclées aux bulldozers sont alors ensemencés avec des techniques modernes et des semi, ne tenant souvent pas compte de la logique de la végétation locale. Il y a par conséquent une diminution des variétés végétales et un rétrécissement de la diversité de nourriture disponible pour les arthropodes et, par effet domino, celles des grands oiseaux comme le lagopède ou le tétra-lyre.
Ainsi, afin d’éviter une mise à dos de l’opinion public et s’assurer d’une légitimité d’action, ces aménagements s’inscrivent dans le principe absurde d’ « Éviter, Réduire, Compenser ».
Lorsqu’on y réfléchit, entre les canons à neige et ces innombrables terrassements, le ski apparaît comme une pratique à rebours de l’impératif urgent de protection de la biosphère.
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