Au printemps il y a une tradition des plus anti-naturelles, c’est celle du taillage des haies. Cette pratique fait pourtant l’objet de campagnes répétées de la part de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) en faveur d’un arrêt total de mars à fin juillet.
En cette sortie de confinement, bon nombre de copropriétés, d’entreprises et de communes procèdent au « nettoyage » des arbustes ayant déployé leurs branches nouvellement dotées de feuilles.
Il y a bien sûr une exigence de sécurité, sur les bords des routes par exemple, pour la visibilité des automobilistes, ou encore l’accessibilité des trottoirs ou tout autre entretien nécessaire. Mais cela pourrait être anticipé, à la fin du mois de février par exemple.
C’est qu’à partir du mois de mars de nombreuses espèces d’oiseaux favorisent les haies pour y faire leur nid et donner naissance à leur progéniture. C’est seulement à la fin juillet que la plupart des oisillons de chaque espèce prennent leur envol définitif.
Cela fait quelques années que l’on alerte sur la disparition des populations d’oiseaux, notamment à cause de la destruction de leur habitat. Troubler la nidification en fait partie.
C’est d’ailleurs le sens de l’arrêté du 13 avril 2018 relatif aux règles de bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE) qui interdit aux agriculteurs de tailler et élaguer les haies entre le 1er avril et le 31 juillet en échanges d’aides de l’état.
Il existe donc une reconnaissance institutionnelle des préconisations de la LPO à propos de l’importance de préserver l’habitat des oiseaux durant la période de nidification.
Or cela n’est pas généralisé. D’ailleurs, de nombreuses communes mettent en avant l’écologie alors même qu’ils laissent de côté cette question capitale. Il faut dire que les entreprises paysagistes doivent bien faire fonctionner leur activité…
>> Voir aussi : L’écologie ce n’est pas « mettre du vert » !
Rappelons qu’un arbre n’a pas besoin, en soi, d’être taillé. Cette pratique est là pour l’adapter à l’homme et à ses activités, car bien évidemment cela est nécessaire dans beaucoup de cas.

Il y a en revanche un refus très culturel de respecter la pousse naturelle des arbustes. C’est la vision aliénée des « jardins à la française » où dompter les plantes est considéré comme un art de vivre.
Ainsi les haies rectilignes, les buissons aux formes fantaisistes sont élaborés sans aucune considération pour le mouvement naturel des écosystèmes. Ce sont simplement des objets de décoration ou des cloisons n’étant qu’un prétexte à un repli sur sa propriété. Ainsi les thuyas sont choisis pour le simple fait d’être impénétrables et opaques.
Avec le printemps, il faut plutôt accompagner la nature dans son éveil et dans la reproduction de la vie, et par conséquent refuser la mutilation des plantes en les réduisant à des objets de « paysage ».