Après l’arrivée récente d’ Amazon Locker à Cluses, c’est « Uber Eats », symbole de l’étouffement capitaliste et de l’enfermement individualiste, qui annonce son arrivée à Bonneville et Cluses.
Née en 2010 à San Francisco, Uber est une entreprise de services qui fonctionne par le biais d’une application sur smartphone où des « partenaires » (en fait des travailleurs) s’inscrivent et des clients font appel à eux.
Au départ, l’entreprise proposait des services de chauffeur, principalement dans les grandes villes, pour ensuite se diversifier vers le service de livraison de nourriture en 2015 via sa filiale « Uber Eats ».
« Uber Eats » fait partie des entreprises ayant directement profité de la crise du covid-2019. Limité pendant plusieurs mois à la vente à emporter, le secteur de la restauration s’est maintenu grâce à ce service de livraison à domicile. Ce service a enregistré une hausse d’environ 20 %.
Mais derrière le concept en vogue d’ « ubérisation » calqué sur le nom même de cette entreprise qui laisse penser à un idéal de société « collaborative » et horizontale, il y a surtout une accentuation de l’oppression et de l’aliénation.
En à peine 10 ans d’existence en France, de nombreuses dérives ont été constatées. Cela va des personnes ouvrant des comptes à leur nom et exploitant des personnes sans papiers ou mineures en prélevant une taxe considérable, à la mise en concurrence acharnée de « travailleurs » jeunes et précaires pour obtenir le plus de commandes, avec l’insécurité routière que cela occasionne par ailleurs.

Avec « Uber Eats », il n’y a que des individus repliés sur eux-mêmes qui s’auto-exploitent sans en avoir conscience. À l’autre bout de la chaÎne, il y a également des personnes enfermées dans des bulles domestiques qui, en « externalisant » les « coûts » du quotidien, agissent comme des managers de leur propre vie.
Société de service, société de serviteurs ! L’atomisation sociale va être d’autant plus forte que les lieux de sociabilité et d’enrichissement culturel sont faibles dans cette vallée périurbaine. Sans parler de la « mal-bouffe » qui va sûrement être la première des gagnantes de ce service de livraison…
Sans aucun cadre collectif, cette entreprise n’est que la caisse de résonance d’un phénomène plus large de dissolution des normes sociales, plaçant les individus dans une compétition délétère pour assurer leur vie quotidienne.
« Uber Eats » est le symbole de l’évolution d’une société capitaliste qui étouffe toute perspective de vie collective. Voilà pourquoi il faut refuser catégoriquement cette entreprise et adopter le mot d’ordre « Pour une vie riche et collective ».