Faillite de Franck & Pignard : la nécessité d’une bataille ouvrière


Politique, Vie quotidienne / mardi, juin 16th, 2020

Franck & Pignard était l’une des plus importantes entreprises de décolletage dans les années 1990. Fragilisée par des mutations successives, elle était en grande difficulté. L’arrêt d’activité lié au coronavirus est le « coup de grâce » qui la place en redressement judiciaire depuis le 2 juin.

La restructuration de l’entreprise Franck & Pignard est peut-être le début d’une longue série dans la vallée de l’Arve. Passée d’un peu plus d’un millier de salariés dans les années 1990 à environ 360 en 2019, l’entreprise est pied et poing liée au secteur de l’automobile, notamment après les rachats en 1998 par Autocam puis en 2009 par Maike Automotive. La chute de l’industrie automobile ne pouvait qu’entrainer sa perte.

Les différents plans de reprises se sont toujours réalisés sur le dos des ouvriers, avec des licenciements et une pressurisation toujours plus grande du travail. Depuis 2018, l’entreprise est ainsi la propriété du trust (« holding » en anglais) « Bionnassay M&P Technology » détenu par une alliance entre Alpen Tech-Kartesis, Crédit Agricole et Akwel (équipementier automobile).

C’est dire comment le décolletage est devenu une industrie de plus en plus étouffée par des gros fonds d’investissements. Les plans de relance de l’automobile et de l’aéronautique viennent renforcer ce processus, avec une main-mise sans contre-partie de monopoles qui imposent leurs rythmes et leurs exigences.

Et les conséquences se vivent dans les ateliers, dans le pourrissement des conditions de travail, les suppressions de postes, le surmenage psychologique, les tensions avec l’encadrement…

Franck & Pignard s’annonce comme le symbole. Le symbole d’une crise économique engendrée par le coronavirus qui va mettre à mal l’ « Eldorado » du décolletage français… Il est maintenant temps que la classe ouvrière se saisisse de la bataille exigée par la crise en cours.

De ce point de vue, il est absolument intolérable de lire dans la presse que des membres du conseil social et économique (CSE) de l’entreprise aient proposé une baisse des salaires pour « éviter la casse sociale ».

La lutte est d’autant plus nécessaire qu’elle peut être un début d’exemple pour l’ensemble de la classe ouvrière qui va sûrement se heurter à une profonde crise économique à la rentrée.

La bataille qui s’ouvre s’annonce bien d’une toute autre nature que simplement syndicale. Il n’y a pas 36 000 solutions : ou bien on assume d’être du côté de la lutte des classes, ou bien on suit les règles imposées par les grandes entreprises.

Il est ainsi tout à fait juste que les travailleurs critiquent le manque de diversification de cette entreprise car le capitalisme ne « pense pas » mais vise le profit maximum le plus vite possible.

La base ouvrière de Franck & Pignard peut, et doit montrer la voie : celle d’une bataille franche contre le dégraissage capitaliste mais aussi contre les semeurs d’illusion anti-sociale.

>> voir aussi : Licenciements chez Franck & Pignard : la classe ouvrière doit se ressaisir

12 réponses à « Faillite de Franck & Pignard : la nécessité d’une bataille ouvrière »

  1. Bonjour. Il est à noter que Monsieur Orellou PDG de l’entreprise, face un redressement judiciaire accéléré ( 1 mois),recherche de potentiel repreneurs . Si pas de repreneur, monsieur Orellou a la possibilité de racheter l’entreprise pour 1€ symbolique avec a la clé :
    Licenciements d’environ 200 personnes. Ces licenciements seront payés par vos impôts.
    Dettes effacées…
    Changement de contrat du personnel retenu avec possibilité de réduction du taux horaire, annulation des 35heures, des RTT, ancienneté, prime d’équipe, prime de nuit, prime de week-end, congés payés, prime de transport.
    Comme la crise du Coronavirus est juxtaposé à la crise économique, trouver du travail dans mois qui vont suivre risque d’être très difficile.

    Un membre du CSE FRANK ET PIGNARD TECHNOLOGIE

    1. Ça fait 20 ans que cette entreprise a des difficultés , ce n’est sûrement pas que de la faute des patrons
      Que les employés qui sont là depuis 20 ans peuvent peut-être aussi se remettre en question !

      1. Ha bon !! Qui a géré l’entreprise depuis vingt ans ? Certainement pas les ouvriers de l’entreprise ! Ce discours de culpabilisés le salarié alors que c’est la ou les directions , qui prennent les décisions est trop facile !! C’est un discours lancinant du patronat que vous répéter Miche !! C’est plutôt au patronat de ce remettre en question avec leurs politiques du rendement à très court terme et au capitalisme sauvage , de toujours réclamer des baisses de charge depuis quarante ans sans contrepartie, de n’avoir pas voulus faire de l’investissement ni formation dans l’entreprise !! Voilà où mène leurs gestions calamiteuses. Comme dans tout le pays d’ailleurs, l’industrie est morte grâce a nos politiciens et patrons. Réfléchissez un peut avant de cracher sur les salariées, et regardez ce qui a été fait depuis quarante ans, ne serait-ce que par rapport à l’Allemagne , qui elle a tout misé sur la formation, l’apprentissage, l’investissement Et la modernisation de son industrie !! Ici le patronat ne pense cas se remplir les poches €€€€……… encore une fois , c’est plutôt a eux de ce remettre en question !

  2. Evidence mais les salariés de fp ne sont que des moutons tels Les français pour macron… Salariés depuis 30 ans aujourd ui retraite je regarde mes collègues accepter de ce faire couper la tête sans bruit.

  3. Le fait que notre PDG puisse récupérer la société pour 1€ symbolique et faire de ce fait ce qu’il veut avec ses employés est absolument scandaleux. Ça pourrait presque ressembler à une escroquerie organisée. Décidément tout est fait pour favoriser le patronat au détriment des ouvriers. Tout bonnement écœurant, ces gens me dégoûtent

  4. Désolé moi je travaille dans l’entreprise et je ne suis pas harceler n’y stressée et Mr Horrelou à récupérer toutes les erreures faites du passé s’est tellement facile de tous lui refaire tomber .
    Alors avant d’écrire n’importe quoi renseignés vous auprès des personnes qui bossent .

  5. Bonjour, Je ne fais pas partie de l’entreprise mais j’ai vu plusieurs situations de reprise d’entreprise par les salariés (type SCOP ou autre) et c’est souvent une aventure qui apporte beaucoup. Si jamais cela peut intéresser, l’URSCOP peut organiser une session d’information, à la demande des salariés. Cela permettrait de relocaliser les décisions, les bénéfices et les responsabilités. Cela semble possible à partir du moment où les salariés présents possèdent les compétences clés pour conduire l’entreprise (production, maintenance, direction, commercial…).

  6. Les différents groupes qui vous ont racheté ont pillé, votre trésorerie, vous ont chargé de dettes, volé vos marchés, vos clients, votre savoir faire, n ont pas investi dans le parc machine, d autres ont encaissé l argent du FSI et du FMEA tout en licencient et en déposant le bilan, beaucoup de millions d euros, sans compter vos anciens dirigeants qui ont investit à l étranger de nombreux millions d euros, vos euros.

  7. Le patronat !!!!! LE COW BOY DE L ‘ INDUSTRIE ….ce M HORELLOU n ‘y connait RIEN en savoir faire de COPEAUX…LUI IL PREND LES €…9 MANDATS d ‘ entreprises….Qu’ il se goinfre COMME les prédécesseurs MAIKE ….INCOMPETENTS MAIS ENRICHIS VITE SUR LE DOS de ce qui fut UN FLEURON DE LA MECANIQUE DE PRECISION….ces gens me dégoutent …

  8. Quand on sait que toutes les personnes travaillant en production notre cher PDG actuel a l’intention de n’en garder 0 sur 109 personnes en effet on a le droit de se poser des questions à ce sujet ! On a bossé et on s’est investi toutes ces années pour être licencié comme des mal propres et bien oui je suis écœurée, dégoûtée ; tout est fait pour avantager le patronat au détriment des ouvriers c’est vrai parce que la crise sanitaire elle a bon dos ! Je ne remercierai pas Monsieur le président pour nous avoir fait perdre notre travail et quant à notre PDG c’est tout bénef pour lui de racheter l’entreprise pour 1 € symbolique.
    C’est tout bonnement révoltant il n’y a pas autre chose à dire sauf qu’on n’a guère le choix que de subir…

  9. Bonjour à tous, je travaille dans un groupe franc comtois depuis 32 ans et connais FP en tant que client. J ai vu toutes les entreprises de décolletage mourrir les unes après les autres par manque d anticipation et diversification. La société a dû faire office effectivement de vache à lait jusqu’à épuisement de ce qu elle a pu donner. Il faut minimiser la part automobile dans le chiffre et glisser vers la production de luxe sur Suisse et France….et redonner une unité à vos équipes. J ai plein d idée s pour vous mais tout le monde doit tirer dans le même sens. Courage !

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