Genève : la fin de l’eldorado ?


Politique / vendredi, septembre 18th, 2020

Entre 2006 et 2018, la Haute-Savoie a gagné 121 854 habitants, une attractivité engendrée par la proximité avec la Suisse et ses salaires trois à quatre fois supérieurs à ceux en France…

Plus de 93 000 salariés résidant en Haute-Savoie travaillent à Genève, cela concernant même plus de 50 % des actifs résidant dans les communes limitrophes du canton Suisse. C’est dire comment la chute d’activité dans le canton suisse va avoir un effet sur les travailleurs frontaliers.

Le recul de l’activité à Genève

Alors qu’à la fin du mois de février, 3,9 % de la population active du canton de Genève était au chômage, elle était de 5,2 % à la fin du mois d’août. Cela fait de Genève l’un des cantons Suisse le plus touché par la perte d’emplois, notamment dans les secteurs de l’horlogerie, la construction, l’hôtellerie et le transport et entreposage.

Pour le seul premier trimestre (janvier/février/mars) le PIB a reculé de 2 % dans le canton de Genève, alors que le confinement s’est étalé du 16 mars au 27 avril, avec une réouverture complète de la frontière le 15 juin.

Cela a un impact sur la confiance des entreprises. Si l’on regarde l’indicateur de la « situation des affaires », celui-ci a chuté de manière générale à – 44,3 % en avril, et était encore en recul de 26,1 % à la fois du mois d’août. En août, le taux de confiance était toujours en baisse de 20 % dans le bâtiment, de 85,3 % dans la restauration et de 100 % dans l’hôtellerie.

Or avec la construction, l’hôtellerie-restauration est l’un des secteurs qui emploie le plus de travailleurs frontaliers non-qualifiés.

Moins de réservations à l’hôtel, moins de repas dans les restaurants, c’est autant de marchandises invendues avec des conséquences pour de nombreuses branches d’activités, comme le transport ou la construction.

En 2013, sur environ 70 000 frontaliers (ils sont 93 000 en 2020), 6 097 étaient employés dans le bâtiment, 3 953 dans le transport et l’entreposage, 3 528 dans la restauration et 1 741 dans l’hôtellerie, soit autant d’emplois directement ou indirectement menacés.

Notons également, toujours sur la base des chiffres de 2013, que 3 186 frontaliers étaient employés dans une industrie genevoise dont le taux de confiance en août 2020 était toujours en recul de 23,8 %.

Si la grande majorité des frontaliers sont plutôt des cadres supérieurs employés dans les services administratifs et financiers, il est évident que ce sont les emplois prolétaires qui vont être le plus durement touchés par la crise actuelle.

Un rêve qui part en lambeaux et qui appelle un réveil politique

Et la perte de confiance est accentuée par la votation du 27 septembre portée par l’UDC (droite) et ses 53 conseillers nationaux visant à remettre en cause les clauses de libre-échange de la Suisse avec l’U.E. A cela s’ajoute la remontée du coronavirus en France que la Suisse a bien pris soin d’écarter de sa liste des pays en zone rouge (bien que ses propres critères l’y inviterait logiquement).

En fait, c’est tout un rêve qui est en train de se fissurer progressivement en venant rappeler que la stabilité gagnée à prix d’or n’est jamais éternelle dans le capitalisme. Une stabilité dorée dont Genève l’opulente doit surtout à son statut de paradis fiscal

Tout a été fait pour pousser les gens à décrocher des salaires de luxe offerts par des emplois au service de bourgeois décadents. Des salaires qui ont été enchainés à des crédits faramineux, pressés par une réussite de court terme oubliant que la stabilité du capitalisme est une chose temporaire.

Tout cela était déjà vrai en 1929 et cela l’est encore plus en 2020 avec l’écocide dont le coronavirus est l’expression.

Mais que l’on touche 1 500 € ou 6 000 € par mois, cela ne change rien au fait que l’on reste un travailleur qui n’est qu’une variable d’ajustement dans la course aux profits. Cela est vrai pour les ouvriers de Franck & Pignard, de Dynastar, comme pour les salariés de l’Hôtel Richemond, récemment fermé.

Cela est douloureux mais les travailleurs vont être obligés de se mettre devant l’évidence : Genève c’est l’illusion de la réussite facile, la crise est générale et il va falloir s’impliquer pour changer cette société absurde et injuste.

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