Ce dimanche 13 septembre, les quelques 8 000 chasseurs de Haute-Savoie vont reprendre leur activité morbide dans les forêts. Une occasion pour André Mugnier, patron des chasseurs du département, d’opérer un petit coup de communication qui en dit long sur la situation…
André Mugnier multiplie les casquettes : entrepreneur, plusieurs fois élu au conseil municipal d’Annecy, il est également Président de la fédération départementale de chasse de Haute-Savoie et à ce titre membre du Groupe national loup.
On l’aura compris : Monsieur Mugnier n’est pas un simple chasseur mais un militant politique aguerri, disposant de nombreux relais dans les sphères du pouvoir.
Ce n’est donc pas anodin qu’il soit intervenu en cette rentrée 2020 dans le journal de France 3 Auvergne Rhône-Alpes alors que l’opinion publique est de plus en plus soucieuse du respect des animaux.
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Sur France 3, Monsieur Mugnier fustige ainsi de manière bien floue « un territoire qui se réduit chaque année », se gardant bien de parler de l’étalement urbain pour mieux pointer du doigt la « sur-fréquentation des différents usages » (VTT, randonnée…), pour conclure par « notre nature est complètement inondée en permanence ».
Pour les chasseurs, cela va de soi que la ruralité c’est d’abord la chasse, et la chasse c’est la ruralité. L’expression même de « notre nature » est révélatrice de cette approche qui conçoit les forêts et les animaux comme une propriété privée.
Les chasseurs se pensent des gestionnaires « rationnels » de la « nature » un peu comme un haut fonctionnaire se pense un « bon gestionnaire » de la vie des gens : une gestion par en haut qui ne sert qu’une minorité de posséants.
Cette mentalité de propriétaire-gestionnaire est particulièrement visible sur la question du loup, André Mugnier fustigeant le manque de « prélèvements ».

Pour les chasseurs, le loup reste un concurrent d’un être humain qu’ils n’entrevoient que comme un prédateur. Dans la revue le Chasseur Haut-Savoyard d’août 2020, André Mugnier affirme que le loup est un problème car il ampute leur petit loisir :
« les effectifs d’ongulés sauvages mammifères qui sont aujourd’hui gérés durablement, collégialement et pour le plaisir de tous ».
Pourquoi et comment le loup est-il revenu dans les massifs alpins ? Que cela signifie t-il pour la vie sauvage ? Ces questions n’intéressent pas les chasseurs, pas plus d’ailleurs le fait que le loup est un prédateur par nécessité naturelle.
Pour les chasseurs rien n’a changé : ils se pensent encore comme des hommes des cavernes…. le fusil, le 4×4 et internet en plus. C’est une logique mortifère alors que la principale leçon du coronavirus est justement que l’homme ne doit pas être un apprenti-sorcier de la nature, gérant à sa bonne guise la vie sauvage.
La biosphère est un ensemble où tout est lié, où « prélever » ici, c’est déséquilibrer là-bas : le retour du loup dans les Alpes doit être analysé dans ce cadre, et non pas dans le schéma de la « concurrence » et de la « prédation » hérité da la vieille époque aristocratique.
C’est certain, notre époque a besoin d’un grand chamboulement culturel !