Dans un article publié hier mardi 6 octobre, nous parlions de la fuite en avant des stations de « sport d’hiver ».
Les canons à neige sont l’exemple type de cet emballement mortifère d’une industrie touristique qui cherche par tous les moyens à rentabiliser une activité en grande partie condamnée par le réchauffement climatique.
Ce que chacun sait peut être moins, c’est que les systèmes de neige artificielle sont très gourmands en eau.
Cela demande de détourner des rivières afin de stocker l’eau grâce à des retenues, ce qui perturbe le cycle de l’eau en amont, sans parler de la fonte beaucoup plus lente de cette neige cartonneuse qui perturbe une partie de la faune et de la flore au printemps.
A Combloux, une nouvelle retenue d’eau est en cours d’élaboration pour satisfaire au réseau d’ « enneigeurs » d’un très vaste domaine skiable. L’Association pour le Respect du Site du Mont-Blanc vient d’envoyer un courrier aux maires des communes concernées ainsi qu’au préfet pour dénoncer la gabegie écologique d’un tel projet.
Mesdames et Messieurs les Maires,
Monsieur Thomassin,Le 25 juillet 2020, un article du Messager nous informait d’un projet de retenue d’eau de 100 000 m3 sur la commune de Combloux pour « assurer économiquement » le domaine skiable du Jaillet, domaine qui couvre les communes également de Cordon, Demi-Quartier, La Giettaz, Megève et Sallanches. Ce projet fait l’objet d’une enquête publique dont la fin est fixée le 21 aout.
Dans le contexte du réchauffement climatique, on ne peut plus jouer avec la nature. On ne peut plus détruire la nature puis reconstruire ailleurs pour avoir bonne conscience. C’est ce que vous proposez en recréant une zone humide. Vous l’avez déjà fait en reconstituant un espace artificiel au col du Jaillet pour les tétras lyres après avoir détruit leur espace naturel.
Une retenue d’eau, même si vous voulez faire croire qu’elle va servir en partie pour le bétail, va déstabiliser l’ensemble des pâturages et des cultures situées en aval et remettre en question un équilibre acquis sur des siècles. Il y a également toujours un risque hydromorphologique d’une telle construction vis-à-vis de la population et des habitations.Vous voulez éradiquer cet équilibre pour des raisons économiques, avec un projet coûtant initialement 7 millions d’euros, le dédoublement des canons à neige, avec à la clé un chantage sur l’emploi, excuse ressassée et qui a perdu toute crédibilité politique.
Les rapports scientifiques sur la situation du réchauffement climatique se succèdent et sont des plus alarmants. Même la cour des comptes, en 2018, tirait le signal d’alarme sur l’enneigement des stations de moyenne altitude en dessous de 1700m pour 2050, ce qui est le cas avec une altitude de 1580 m pour le Jaillet. Aujourd’hui, les rapports sont encore plus pessimistes et il serait inopportun d’investir en dessous de 2000 mètres, altitude limite choisie par l’Autriche, qui n’est pas un petit pays pour le ski…
Je vous remets ci-dessous les relevés Météo France qui montre que les hivers sans neige vont être de plus en plus fréquents et que la hauteur de l’enneigement naturel ne justifie pas un investissement de cette ampleur.En résumé, sur les soixante dernières années, les précipitations neigeuses ont baissé de 20 à 40%, le recul des glaciers augmenté de 30 à 50%, comme l’illustrent cet été les évènements aux glaciers de Tourtemagne et de Planpincieux.
L’eau potable va devenir un enjeu majeur dans les décennies futures car elle va se raréfier. Votre argument de traiter une partie de l’eau retenue pour la rendre potable est le même que celui du SITOM quand il veut investir toujours plus dans la production d’électricité pour garder une certaine légitimité à son incinérateur.
Avec les 7 millions d’Euros, budget initial du projet, ne serait-il pas plus intéressant d’investir dans un tourisme vert ? ou des transports en commun ? Le tout-ski est un modèle économique du 20ème siècle et vous ne pouvez pas dire que vous avez été élus sans connaitre le problème de pollution de notre vallée et du réchauffement climatique mondial. C’est pourquoi l’ARSMB demande l’arrêt de ce projet.
La crise de l’emploi touche tout le monde, tous les secteurs, elle ne peut pas être mise en avant pour proposer de tels projets.
Nous vous prions d’agréer, mesdames, messieurs, l’expression de notre meilleure considération.
Le blanc limite le réchauffement …alors le bilan des canons à neige est-il vraiment totalement négatif ?
Bonjour,
Il faudrait arrêter de jouer au apprenti-sourcier et se pencher sur les dynamiques réelles de la Biosphère.
La seule manière sérieuse de limiter le réchauffement climatique, c’est d’émettre autant de gaz à effet de serre que le cycle du carbone peut absorber.
La nature est saccagée à Combloux, la récupération d’eau se fait en tous sens et cela détruit la forêt. En 40 ans, le site est devenu méconnaissable.