Stations de ski : une tribune corporatiste signée par des élus PS


Ecologie, Politique / dimanche, novembre 29th, 2020

Ce 26 novembre, une tribune pour l’ouverture des stations de ski a été publiée et signée par 70 élus principalement issus des Républicains, et des entités économiques. Une telle initiative n’est pas étonnante venant de la Droite, mais ce qu’il y a d’incongru, c’est de trouver également des signatures d’élus du Parti Socialiste (PS) et d’un syndicat de travailleurs.

C’est là qu’on voit le niveau dramatiquement bas de la gauche, si on peut encore parler de gauche, qui se retrouve à défendre des intérêts corporatistes plutôt que de proposer un changement de perspective politique.

Les élus de gauche sont sensés proposer des perspectives qui aillent dans le sens du bien-être général. Il a été choisi ici de défendre les capitalistes des sports d’hiver, pour soi-disant couvrir les travailleurs qui en dépendent.

La Gauche ne pense pas comme cela. A gauche on est normalement conscients qu’on ne peut pas laisser une once de terrain au COVID-19, surtout qu’en faisant cela on met dos à dos les travailleurs – principalement travailleuses – du médical aux travailleurs dépendants du tourisme.

Ce qui n’est pas précisé dans cette tribune, c’est que les sports d’hiver, génèrent énormément d’accidents. En 2019, ce sont 143 112 accidents qui ont été répertoriés sur l’ensemble des stations de ski. Des accidents qui demandent par ailleurs une importante logistique. Et qui donne des moyens médical à un endroit, en enlève à un autre.

On peut sans aucun doute déchoir les élus PS Marie-Noël Battistel, Hussein Bourgi, Michèle Victory et Carole Delga de leur statut de personnes de gauche, pour négliger à ce point les conditions de travail du personnel médical dans les régions du tourisme hivernal. Quand au syndicat Force Ouvrière, il est depuis longtemps identifié comme un simple appendice du capital.

Il est par ailleurs allégrement répété que de toute façon, en skiant, on est à l’air libre, donc le virus ne se transmet pas plus que dans une boutique de prêt-à-porter. Il faut soit être menteur soit ne jamais être allé au ski pour dire une chose pareille. Le ski c’est aussi, la queue interminable pour acheter son forfait, la queue pour attendre le télésiège. On fait d’ailleurs plus la queue que l’on ne skie.

C’est aussi la cabine avec de 5 à 40 inconnus. Dans le froid, on voit même nettement son souffle, sous forme de fumée, se mélanger à celle des autres avant d’être à nouveau inhalée par la personne d’à côté. Le ski, c’est aussi le cache-nez humide qu’on pose sur la table du bistro, c’est la personne qui se mouche avec les doigts sur le téléski…

Et puis pour le ski, il faut surtout de la neige, et comme tous les ans depuis une dizaine d’année, il n’y a pas vraiment de neige à Noël, il n’y a que de la neige à canon sur les pistes. Des tonnes d’eau gaspillées avec la bénédiction de communes sous perfusion des grands groupes de tourisme.

voir aussi : l’aménagement des pistes de ski, un écocide de plus

Parlons-en, car ils sont évidemment aussi signataires de cette tribune ces grands groupes…

Prenons la Compagnie des Alpes, le premier exploitant de remontées mécaniques au monde ! La Plagne, Val d’Isère, Les Arcs, Le Grand Massif, le Domaine du Giffre, Flaine, Méribel, Les Ménuires, Chamonix, Serre-Chevalier… Avec ses 928 millions de capitaux propres et un chiffre d’affaire qui ne fait qu’augmenter d’année en année, il y a sans doute de quoi dédommager les saisonniers privés d’emplois.

Le Club Med, également signataire, c’est 523 millions d’euros de capitaux propres en 2014. 70 villages vacances, un voilier de croisière et des chalets et villas de luxe. Qu’on ne nous dise pas qu’il n’y a rien à aller prendre

Sans parler de Pierre et Vacances : 1523 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2019, des capitaux propres qui s’élèvent à 269 millions d’euros…

Cela fait des années que ces groupes tirent des bénéfices énormes et versent quantités de dividendes, exploitant leurs saisonniers parfois dans des conditions déplorables et tout cela dans le plus grand mépris de l’écosystème, dans le plus grand mépris des sécheresses de plus en plus récurrentes et toujours plus précoces.

Bien sûr que les travailleurs ne doivent pas payer la crise. Mais il n’y a aucune issue dans le corporatisme, et cela d’autant plus lorsque l’on sait que c’est ce qui a engendré les pires régimes nationalistes dans l’Histoire… La seule issue est dans la lutte des classes afin de faire rogner le train de vie de la clientèle huppée de l’hiver.

Une réponse à « Stations de ski : une tribune corporatiste signée par des élus PS »

  1. N’oublions pas que ce système exploite aussi des travailleur.se.s sans papiers qui sont embauché.e.s dans les grandes stations avec la promesse de papiers et de salaires qu’ils-elles ne verront jamais.
    J’aimerais bien savoir ce qu’en pensent ces élus/syndicats à ce propos?

    Cordialement

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