En novembre 1942, dans le bassin clusien, la classe ouvrière refusait le STO


Histoire populaire / mardi, mars 2nd, 2021

Voici un article du journal France* publié le 2 novembre 1942 qui nous rappelle que la classe ouvrière du bassin de Cluses a manifesté une opposition à la politique dictatoriale de l’Allemagne nazie.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’un des moments capitaux dans la Résistance à l’occupant allemand a sans nulle doute été l’instigation d’un « service du travail obligatoire » (STO), obligeant les ouvriers français à aller travailler pour le complexe militaro-industriel nazi alors que la main d’oeuvre se faisait broyer par la machine de guerre.

Moment capital car il a sonné la transformation progressive des poches isolées de Résistance en un mouvement d’opposition d’ampleur. Et le caractère populaire de l’opposition se lit dans l’investissement des femmes dans le mouvement.

Le travail forcé – Grèves en Savoie

Les exigences de l’Allemagne, en ce qui touche le recrutement de la main-d’œuvre française pour son industrie de guerre, ont provoqué de nombreuses grèves dans la Haute-Savoie, et surtout dans l’arrondissement de Bonneville.

Le correspondant de la B.U.P [Banque de l’Union Parisienne] à la frontière française, qui donne cette information, précise que, dans les importants centres industriels de Marnaz, de Cluses et de Scionzier, les ouvriers de toutes les usines ont cessé le travail en manière de protestation contre la publication locale d’un arrêté qui enjoignait aux ouvriers spécialistes de ces établissements de se faire inscrire à l’Hôtel de Ville pour aller travailler en Allemagne. De multiples et graves incidents se produisirent un peu partout.

On signale notamment qu’à Scionzier et à Cluses

« les femmes, les sœurs, et les fiancés des ouvriers qui devaient subir un examen médical avant de partir pour l’Allemagne se portèrent en masse à l’entrée des hôtels de la ville où étaient logés les médecins allemands chargés de faire passer la visite et, par leur obstruction, empêchèrent ceux-ci de gagner les centres de recrutement. C’est en vain que la police chercha à disperser ces attroupements féminins. Il n’y a qu’à Annecy où la visite médicale prescrite put avoir lieu. Encore donna-t-elle lieu à des grèves dans plusieurs établissements industriels de la ville. »

D’après la radio suisse, le calme règne aujourd’hui dans toute la région et le travail a repris dans chaque usine.


* Lancé le 26 août 1940, France était un journal née dans le sillage de l’appel à la Résistance par le général De Gaulle. Publié à Londres, le journal était édité sous le patronage de l’Association des français de Grande-Bretagne.

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