Dans le canton du Mont-Blanc, n’importe quel amoureux sincère de la Nature a remarqué que le candidat du Rassemblement National, Stéphane Monard, revendiquait publiquement le fait d’être chasseur. Une revendication qui va de paire avec la mentalité passéiste et anti-démocratique de ces gens…
Dans Le Messager, Stéphane Monard s’est exprimé récemment sur la question des loups en montagne. Ses propos révèlent une incompréhension totale de la question animale.
« Ca ne me dérange pas qu’il y ait des loups en montagne mais qu’on donne aux agriculteurs les moyens de se défendre, notamment en augmentant le nombre de prélèvements autorisés »
Cette phrase prononcée par Stéphane Monard est symptomatique de la conception que la Droite se fait de la Nature : un espace appartenant à l’homme, à aménager, à défendre contre les intrusions, et sur lequel on peut à la rigueur tolérer la présence de quelques espèces non-productives, comme le loup.
Ce que représente le loup au sein de la biosphère est totalement évacué. La notion même de Biosphère n’existe pas pour lui. Cela est évidemment insupportable pour quiconque mesure les effets de l’activité humaine sur les espaces naturels.
Doit-on rappeler que nous vivons actuellement un effondrement de la biodiversité sur toute la surface du globe ? Cela est uniquement imputable à l’activité humaine. C’est bien la Biosphère qui a besoin de défense aujourd’hui !
Mais Monsieur Monard représente le monde de la chasse, pour lequel cette crise d’une ampleur absolument dramatique n’existe pas. Pour cette frange de la droite la plus conservatrice, le rapport de l’homme à la nature est figé, gelé dans une défense des traditions à sauver.
Pour eux, il faudrait pouvoir continuer à faire comme avant. Il faut maintenir la mainmise de l’homme sur toute la Nature, poursuivre les activités traditionnelles quoiqu’il en coûte, et cela sans aucun égard pour les animaux et pour la Biosphère, ni pour la situation telle qu’elle est aujourd’hui.
Cette nécessité de « réguler » les populations de loup permettrait en effet de répondre à un double enjeu social et culturel : la défense de l’agriculture traditionnelle, protectrice du terroir et des traditions contre la grande exploitation. La lutte des « petits » contre les « gros », c’est du populisme qui ne tient pas debout évidement.
Croire, ou faire croire, que l’on pourra répondre aux besoins d’une population de plus de 66 millions d’habitants, en produisant selon des modèles agricoles extensifs et hérités du passé est totalement idéaliste et démagogique. Cela est en contradiction totale avec la nécessité de laisser sa place à la Nature. Le pastoralisme correspond à un modèle agricole passéiste qui s’étend dans des espaces, qui aujourd’hui ont vocation à redevenir sauvage.
Ce secteur agricole survit d’ailleurs largement du fait des subventions européennes. Il s’agit de maintenir une activité patrimoniale, comme le ferait un musée. La production issue du pastoralisme représentant surtout un faire-valoir touristique pour l’image de marque de la région, garantissant une dimension authentique et pittoresque.
Défendre un tel modèle est bien paradoxale de la part d’un parti si prompt à contester l’Union Européenne, mais acceptant volontiers les subventions venant de sa part. Mais nous savons qu’en termes de cohérence, il ne faut pas être trop regardant avec le programme du RN.
Dans le fond, la question de la production agricole est centrale dans la période actuelle : l’occupation des espaces naturels doit être réglée de manière démocratique car les enjeux sont absolument essentiels et vitaux pour toute la population.
Mais pour l’extrême droite, dont Mr Monard incarne les positions, une question aussi essentielle se règle à coup de fusil. C’est là que l’on voit le danger que représente ce courant politique car il nous fait perdre un temps précieux dans la compréhension et la défense de la Biosphère.