A la sortie de la Première Guerre mondiale, les socialistes-pacifistes voulaient tirer un bilan de l’horreur de la guerre pour mieux changer les choses. Mais dans la population en général, c’est surtout le refus de tout engagement qui règne.
Les années 1920, ce sont les « années folles ». C’est l’attrait pour une nouvelle drogue, la cocaïne, l’alcoolisation massive dans les bistrots, le libéralisme sexuel dans les maisons closes, le courant artistique du surréalisme.
Bref, autant de comportements irrationnels et plongés dans le déni et le traumatisme de la Première guerre mondiale. Une ivresse irresponsable qui surgit alors que des millions soldats, ouvriers et paysans pour la plupart, ont été tués dans une guerre injuste, que des millions d’autres sont mutilés et traumatisés à vie et que de grandes fortunes se sont construites en tirant les fruits de toute cette monstruosité.
Mais, cette illusion populaire fut de courte durée : le krach de 1929, la montée du fascisme et de la Guerre furent un grand rappel que non, rien n’avait changé…
C’est dans cette atmosphère glauque que les meilleurs éléments socialises comprirent que l’alcool et le bistrot sont l’un des principaux obstacles à l’émancipation, obstacle d’autant plus fort que l’organisation politique était faible dans les campagnes.
Comment ne pas voir qu’il y a actuellement un même refus de tirer un bilan de la crise sanitaire du Covid-19, à engager une réflexion démocratique sur la construction d’une société pacifiste, égalitaire, et écologique ? En cet été 2021, comment ne pas s’indigner que la seule protestation soit celle contre le passe-sanitaire, cette mobilisation individualiste en plein déni de la réalité sanitaire ?
Le 1929 des années 2020 va être un brutal rappel à la réalité. En attendant, il y a la force de l’héritage posé par les meilleurs militants du « Travailleur Savoyard », journal socialiste ayant fait face aux « années folles ».
« Guerre à l’alcool ! », 28 février 1920

Compte rendu d’une réunion socialiste à Cluses, 20 mars 1920

Compte rendu d’une conférence sur la coopération et l’anti-alcoolisme à la Roche-sur-Foron, 27 mars 1920

« Les drames de l’alcoolisme », 2 décembre 1922

Voir aussi
>> « l’alcool comme la religion c’est l’opium du peuple »
>> 1914, Scionzier : un groupe d’ouvrier en lutte contre l’alcool
Très juste commentaire si on ramène à la crise du covid.
N’oublions pas cependant que les rescapés des tranchées sont devenus des alcooliques car ils avaient des rations énormes d’alcool pour aller au feu.. Une addiction se crée ainsi