L’Ukraine, la tuberculose et Amédée Guy


Politique / mardi, janvier 25th, 2022

Dans les pays riches comme la France, on la croit disparue et pourtant la tuberculose est une maladie qui continue à circuler activement dans le monde et spécialement dans les pays les plus pauvres d’Europe de l’est, comme l’Ukraine.

En 2016, le monde a compté près de 10 millions de personnes infectées par la bacille de Koch, une bactérie responsable de la tuberculose, cette maladie qui touche en priorité les poumons. Sur ces 10 millions de malades, 1, 7 millions sont décédées.

Connue depuis fort longtemps, la tuberculose semble faire partie d’un vieux souvenir tant elle est une maladie liée à des conditions de vie détériorées.

En effet, être infectée par la bacille de Koch ne signifie pas forcément développer la maladie : on estime que 10 % des personnes infectées vont développer la maladie. La promiscuité, l’insalubrité du logement, le stress, la malnutrition vont être des facteurs d’affaiblissement du système immunitaire, accentuant le réveil symptomatique de la bacille dans le corps des infectés.

De sorte que la tuberculose a comme autre nom, la « maladie sociale » ou « maladie de la pauvreté ». L’un des pays les plus touché par cette maladie est l’Ukraine, un pays qui a connu tout à la fois un effondrement de son système de santé, une explosion de la pauvreté (avec notamment la prostitution) lors de la chute de l’URSS en 1991. La pauvreté touche 35 % de la population, contre 14 % en France…

L’explosion de la pauvreté a eu pour conséquence de précariser encore plus les femmes, les jetant dans la prostitution. Ainsi, le sida est particulièrement répandu en Ukraine, en faisant même le premier pays d’Europe touché par le virus. Or, la tuberculose est la première cause de mortalité des personnes atteintes du sida car avec un système immunitaire affaibli, elles sont plus susceptibles de développer des formes multirésistantes de la tuberculose.

Les tuberculoses multirésistances sont des formes de la maladie qui résistent aux principaux traitements par antibiotiques. En Ukraine, les traitements qui peuvent combattre ces formes graves de la maladie sont inaccessibles car trop chers.

Sans compter sur le fait que les tests de dépistage sont aussi très onéreux et que la pandémie de Covid-19 a mis à rude épreuve le système de santé, déjà faible, abaissant les dépistages. Dans ce tableau déjà sombre s’ajoute le fait que la prise en charge des tuberculeux en Ukraine se fait sur le mode de l’isolement carcéral, accentuant la dépression, et donc l’immunodépression.

Rien ne va donc, sans même parler de la corruption qui ne fait qu’empirer les choses socialement, culturellement économiquement et une guerre à l’est du pays qui menace maintenant de se généraliser contre l’intérêt du peuple.

C’est pourquoi il faut se souvenir ici d’Amédée Guy, figure de la Gauche locale à honorer, militant socialiste et médecin au service du peuple. Elu député du Front populaire à Bonneville en 1936, il s’était concentré sur les maladies liées aux « fléaux sociaux », comme l’alcoolisme, le cancer et la tuberculose.

Voici ce que rapporte le Bulletin socialiste du 27 février 1939 à propos d’une intervention d’Amédée Guy à l’Assemblée Nationale au sujet de la tuberculose :

Les ravages de la tuberculose

Pour 100.000 habitants, la mortalité par la tuberculose correspond, en Hollande à 50 décès, aux Etats-Unis à 55, en Angleterre à 69, en Allemagne à 73, en Italie à 88 et en France à 195.

Lors du débat sur le budget de la Santé Publique, à la Chambre, notre camarade le Dr Amédée Guy déclarait : « La tuberculose est, avant tout, une maladie sociale et ce sont des réformes sociales et une médecine sociale qui arriveront à la vaincre ».

Le premier gouvernement de Front Populaire à direction socialiste avait tout de suite montré sa sollicitude pour les malheureux atteints d’affections pulmonaires. En 1936, les crédits inscrits au budget pour l’assistance aux tuberculeux se montaient à 20.000.000 Francs, en 1937, ils s’élevaient à 32.000.000 Francs. Sous le Gouvernement Daladier-Reynaud, la politique des mitrailleuses et des masques à gaz a remplacé celle des bornes-fontaines et des sanatoriums. Le combat pour la préparation de la guerre a pris le pas sur le combat pour le mieux-être de l’humanité et le défense de la santé publique.

Les peuples et leurs dirigeants seront-ils longtemps encore assez fous pour consacrer le meilleur de leurs ressources aux œuvres de mort ?


Il faut choisir, sans plus attendre, entre une politique qui conduit les nations à le ruine et la civilisation à sa perte et une politique de vie généreuse et humaine. Le socialisme, lui, a opté pour la seconde.

Son message socialiste, avec à l’arrière-plan la dénonciation du militarisme, résonne tout particulièrement alors que près de 4 millions d’ukrainiens ont quitté le pays ces dernières années.

Un pays qui vit dorénavant ballotté entre les intérêts de la Russie et l’OTAN qui menacent de se faire la guerre ouvertement.

C’est là que l’on comprend que l’internationalisme et la défense du pacifisme n’est pas un mot d’ordre abstrait mais un devoir politique fondamental pour toute personne de Gauche, toute personne attachée aux valeurs démocratiques.

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