L’industrie de l’armement tourne à plein régime et le décolletage en profite sans que cela n’interpelle personne.

Lors du premier débat télévisé de l’élection législative sur les enjeux de la 6e circonscription, par ailleurs insipide, des propos de Dominique Martin ne nous sont pas passés au hasard.

Alors qu’il était question de l’impact de l’inflation et des pénuries de matières premières sur l’industrie du décolletage, Dominique Martin, candidat pour le Rassemblement National, a eu ces propos concernant la diversification des débouchés :

Ceux qui en ce moment travaille pour l’armement sont assez satisfaits

Cela n’a évidemment interpellé personne autour de la table, pas même Ahmed Lounis, le candidat de la NUPES, alors que cela fut prononcé avec une forme de nonchalance presque amusée par le candidat d’extrême droite.

On touche là à un enjeu d’importance capitale lorsque l’on est attaché aux principes du mouvement ouvrier, celui de la lutte contre le militarisme et pour le pacifisme, donc contre le bellicisme et les fauteurs de guerre de son propre pays.

Car, en effet, les propos de Dominique Martin reflète bien malheureusement une réalité que l’on avait déjà souligné en avril 2021 : celle de la dépendance du décolletage au militarisme.

On sait que Dassault et Thales, ces entreprises détenues en partie par l’Etat et au cœur du militarisme français, n’ont pas choisit de s’implanter en Haute-Savoie par hasard. La proximité avec le tissu des sous-traitants de précision qu’est le décolletage, mais aussi avec le secteur de la machine-outil est un facteur d’explication évident.

On ne compte plus le nombre d’usines de décolletage qui produisent pour le compte de ses grands groupes de l’armement, et le pire est peut-être qu’elles ne s’en cachent même pas, comme si une certaine fierté en était retiré. Tout du moins un business lucratif à coup sûr !

Que l’usine Supermétal en nette progression ces dernières années mais subitement en faillite à la suite de la désorganisation des marchés avec le pandémie de Covid-19 soit racheté par JCM Décolletage en dit long sur le juteux marché de l’armement. Car JCM décolletage tire en partie de son chiffre d’affaire du pudique « marché de la défense », comme cela est bien souligné sur son site…

On assiste à une chose hélas bien connue par les héritiers du mouvement ouvrier : quand le capitalisme est en crise, il cherche à se relancer coûte que coûte, y compris donc par la guerre.

Alors nous dira t-on, faut-il en finir avec les armes alors même que les grandes puissances poussent le monde toujours plus en avant dans la confrontation générale ? Oui, l’idéal pacifiste exige forcément cet objectif, mais évidemment parfois le pacifisme appelle à être défendue…par les armes.

La véritable question, ce n’est pas de défendre une paix béate mais de pouvoir avoir un débat démocratique pour orienter les choses dans le bon sens. Et là, la question de fond, c’est bien de savoir si l’armement est au service de l’émancipation des opprimés ou bien du renforcement des impérialismes ?

On pense ici forcément à la guerre actuelle en Ukraine… Mais sérieusement, il faut être bien imbibé de la propagande belliqueuse de nos Etats et ne pas avoir de mémoire historique pour penser qu’on a là un soutien à une guerre juste et d’émancipation.

On assiste simplement à un conflit entre impérialismes qui cherchent à récupérer la part du gâteau sur le dos du peuple ukrainien, et tous ceux qui disent autre chose ne servent que l’intérêt antipopulaire des grandes puissances.

Comment ne pas le voir quand Joe Biden réactive la loi prêts-bails de 1941, celle-là même qui a servi de base au plan Marshall au sortir de la Seconde Guerre mondiale et fait de pays comme l’Allemagne de l’Ouest des vassaux direct des Etats-Unis ? La France qui se place dans son giron, c’est une grande puissance de plus qui renforce les dominations et les dépendances, nullement les émancipations démocratiques et nationales..

Et les propos de Dominique Martin ne font que confirmer la participation pleine et entière de la France et de son vaste complexe militaro-industriel à la tendance à la guerre mondiale qui prend forme sous nos yeux.

Tout cela sans qu’une opposition pacifiste ne surgisse des profondeurs de la société, ce qui va lui coûter très cher…