Être écologiste, c’est savoir mettre en avant le naturalisme en politique.
Quand on est écologiste, on cherche à connaître la nature pour -elle-même et non pas pour ce qu’elle représente en termes de « ressources » pour l’être humain. Et lorsque l’on connait tels écosystèmes, tels espèces animales, leurs dynamiques, etc., on veut faire reconnaître cela dans le cadre de la politique.
C’est pour cela que l’écologie demande une grande exigence et un courage particulier car il faut pouvoir critiquer la mentalité de l’être humain encore prisonnier de son développement centré sur lui-même (anthropocentrisme).
Dans les Alpes, le maintien de l’agropastoralisme est tout à fait exemplaire de cette question. Cette manière de pratiquer l’élevage, héritière des plus anciennes formes de l’agriculture, est aujourd’hui soutenue par des subventions publiques ainsi que par toute une culture montagnarde.
Mais le problème, c’est qu’en continuant à amener des troupeaux domestiques dans les confins des montagnes, on se heurte à d’autres formes de la vie sauvage qui ont toujours moins d’espaces et vivent sous la pression des activités humaines et du réchauffement climatique.
Le bruit, l’urbanisation des vallées, l’expansion des zones de loisirs dans les montagnes, la déstabilisation des écosystèmes par le réchauffement climatique, autant de phénomènes qui n’aident pas la faune sauvage à se maintenir tranquillement en vie.
Dans ce panorama, il faut donc y ajouter le pastoralisme, qui renforce la fragmentation des écosystèmes d’altitude et accentue la pression humaine dans ces espaces. La question du sort du loup et des bouquetins du Bargy sont des illustrations concrètes de la volonté de perpétuer coûte que coûte ce modèle agropastoral qui entre en opposition avec la faune sauvage.
Et au-delà de l’opposition faune sauvage/faune domestique, le pastoralisme est également une catastrophe pour la flore alpine, comme le disent les naturaliste et biologiste, Gilbert Crochet et Stéphane Durand, « là où le mouton passe, tout trépasse. C’est le chalut des montagnes, il racle tout jusqu’à la roche ».
>> Voir aussi : le pastoralisme, un frein pour la vie sauvage
Voici pourtant ce que dit Stéphane Lagarde, responsable EELV Arve Mont-Blanc, et candidat aux élections législatives dans la 6e circonscription :
L’agropastoralisme est l’un des symboles de notre culture locale, qui participe à la richesse de notre patrimoine. Protégeons les agriculteurs des normes, donnons les moyens aux éleveurs de se protéger du loup. Posez-vous cette question : qui est en voie de disparation ?
Ce propos sont ahurissants si l’on se place du point de vue de la protection du loup, espèce sauvage de retour dans les Alpes depuis les années 1990 après son anéantissement par les êtres humains à la fin du XIXe siècle au nom de préjugés et de traditions semi moyenâgeuses.
La couche sociale qui a été à l’avant-poste de la destruction du loup, c’est précisément la petite paysannerie alors alliée à l’époque à la bourgeoisie dans le cadre de la loi de 1880 portant sur la « destruction du loup » émise par le Ministre de l’agriculture de l’époque, Pierre Tirard.
De nos jours, on sait combien les chasseurs, les éleveurs sont alliés aux notables de la Droite pour former un front réactionnaire dans les campagnes avec comme centre de leurs préoccupations l’augmentation l’abattage des loups.
>> Voir aussi : Le Rassemblement National et le loup : le fusil au poste de commande
Cette préoccupation est, on l’aura compris, directement liée au maintien de l’agropastoralisme qui est au service des intérêts économiques locaux. Car le pastoralisme, c’est l’exploitation agricole certes, mais c’est aussi des partenariats avec les stations pour l’entretien des pistes de ski et le support à toute un image touristique de type « carte postale ».
Le pastoralisme est un mode d’exploitation agricole lié au sous développement des techniques et des sciences, un mode d’exploitation relevant du passé qui n’a donc plus aucune nécessité au XXIe siècle.
A tous les points de vue, l’écologie dans les Alpes doit être en mesure de proposer une vision critique du pastoralisme et de développer une agriculture maraîchère soucieuse de la nature, par définition biologique.